« Défi de solidarité » : s’engager pour les migrants

Defi De Solidarite Web
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Résumé

En plein hiver, un jeune de 16 ans passe une nouvelle nuit dans la rue, faute de réponse sur son statut de « mineur isolé étranger » et faute de prise en charge par l’État français. Jusqu’au jour où un bénévole lui propose un canapé-lit chez lui pour quelques temps… Puis un autre inconnu l’accueille dans une chambre, le suivant lui prépare de bons repas... Chaque soir à Paris, plus d’une centaine d’hébergeurs forment un réseau anonyme pour répondre à l’urgence. Jusqu’où cet élan citoyen sera-t-il viable ?

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Pourquoi ce film

Par Caroline Darroquy

 

Je voulais faire quelque chose. Il le fallait.

Tous ces jeunes dans la rue, ce n’est pas supportable. La rue n’est pas un espace pour les enfants. Même pour les grands enfants, les ados. De ces mineurs que je vois de plus en plus nombreux dormir sur les trottoirs parisiens, je ne sais pas grand-chose si ce n’est qu’ils ont tous traversé la Méditerranée.

Je voulais faire quelque chose, il le fallait.

Mais cette vie parisienne… Toujours à courir, débordée. Les enfants, l’école maternelle d’un côté, primaire de l’autre, le métro, le boulot, les courses, les amis aussi. Alors accueillir un jeune en plus… Et s’il a vécu des choses difficiles, il sera peut-être instable, perturbé. Réussirai-je à faire face ? J’y repenserai demain…

Les jours passent, l’hiver arrive. Il pleut sans cesse depuis une semaine. Un jour de déluge, ma fille se plaint qu’il fait trop froid dans la maison.

Je vais faire quelque chose, il le faut.

J’attrape mon téléphone et appelle un collectif qui organise l’hébergement solidaire de mineurs étrangers isolés. Puis je monte le chauffage.

Je reçois très vite Tasilima, un  guinéen de 16 ans que des bénévoles de terrain ont trouvé épuisé dans le camp improvisé de Stalingrad, dans le 19ème arrondissement de Paris.

Je m’excuse auprès de lui parce qu’il n’y a pas de rideaux dans le salon où il dormira. Mais la reconnaissance que je lis sur son visage est d’une telle intensité que je suis aussitôt gênée d’avoir été gênée pour une futilité aussi insignifiante que des rideaux alors qu’il dort depuis un mois dans un camp de rue insalubre. Cinq minutes après que le premier gamin que j’héberge a passé ma porte je réalise que mes craintes sont infondées. Je comprends dès lors que je ne serai pas confrontée à des gamins difficiles en pleine crise d’adolescence, mais à des jeunes dont l’instinct de survie a été sollicité très tôt, trop tôt.

Dans ce documentaire, ma co-réalisatrice Anne Richard et moi avons souhaité protéger l’anonymat de ces jeunes pour ne pas porter préjudice à leur parcours juridique semé d’embuches. Nous racontons l’expérience de l’accueil à travers les yeux et les émotions de citoyens ordinaires qui, face au risque du délit de solidarité, ont choisi d’assumer le principe de fraternité. Chaque soir, des étudiants, des retraités, des célibataires, des familles partagent l’intimité de leur foyer avec ces enfants échoués de la traversée.

Cet engagement, aussi riche soit-il, pourra-il palier indéfiniment la défaillance de l’État face aux Droits de l’Enfant ?

 

Biographie de Caroline Darroquy

Caroline Darroquy réalise son premier documentaire aux Ateliers Varan en 2008. Déjà, Dans la Maison des Journalistes (sélectionné au festival de documentaire de Thionville Le Réel en Vue) parle d’accueil : elle filme Bakthiyar, un fixeur kurde irakien en attente de son statut de réfugié politique en France. Puis elle se tourne vers le montage et collabore à de nombreux documentaires et reportages pour France Télévisions, Arte... En 2016, dans un contexte tragique de crise migratoire, son expérience d’hébergeuse solidaire l’incite à poursuivre son travail de réalisation sur ce thème de l’accueil. Caroline co-réalise et monte Défi de solidarité, un documentaire inspiré de son histoire personnelle.

 

Pour écouter Caroline parler de son film sur RFI, cliquez ici

 

Biographie d'Anne Richard

Anne Richard est, à l'été 2010, la première réalisatrice à suivre les protagonistes d’un scandale qui allait devenir, un an plus tard, l’Affaire Mediator, (52’ pour Public Senat, sélection au FIPA 2012).
 Après Sciences Po et des études en Allemagne, Anne démarre sa carrière en parcourant l’Europe. Elle réalise une cinquantaine de films pour les émissions d’ARTE, Forum des Européens et Zoom Europa, au sein de la Compagnie des Phares et Balises. Quelques années plus tard, elle se lance dans des formats plus longs, en France comme à l’étranger pour la société WA productions. Elle signe en 2002 son premier 52', Afrique du Sud, le train de l’espoir, pour ARTE et Odyssée. Indépendante depuis 2011, c’est la deuxième fois qu’elle collabore à Infrarouge après Mères sans toit, le destin de Souhila, Bénédicte et les autres, produit par TSVP.