Haïti : le carnaval des spectres

Série Documentaire Rituels du monde

  • RÉALISATION : HÉLÈNE MAUCOURANT et Agnès Molia

  • FORMAT : 26'
  • DIFFUSEUR : Arte
  • ANNÉE : 2019

A Jacmel, sur la côte sud de l’île d’Haïti, depuis plus de 3 siècles, se déroule chaque année l’un des carnavals les plus spectaculaire des Caraïbes.

Dans ce pays classé parmi les plus pauvres du monde, frappé tour à tour par l’esclavagisme, les dictatures sanguinaires, les catastrophes naturelles et les épidémies… les festivités revêtent une intensité qu’on ne retrouve nulle part ailleurs.

Car contrairement au carnaval de Venise, les Haïtiens n’incarnent pas des personnages oniriques dans leur défilé, mais au contraire des monstres ou des spectres. Comme dans un dédoublement de personnalité, les haïtiens incarnent les fantômes de leur passé.

Rony et Elie habitent à Jacmel et participent chaque année au carnaval. Rony sera déguisé en Chaloska, un personnage inspiré de Charles Oscar Étienne, un général qui a tué des centaines de prisonniers politiques est, encore aujourd’hui, l’un des personnages les plus représentés au carnaval de Jacmel. Elie se transformera en Bossale, le corps et le visage laqué de mélasse et de suie, comme les esclaves raflés en Afrique et transportés à Haïti pour travailler la terre. Pour le jeune homme, c’est une grande fierté, les Bossales se sont battus pour gagner leur liberté. Haïti est la première République noire qui a pris son indépendance.

En milieu d’après-midi, la foule emplit tout le centre de la ville. Pendant 3 jours, des dizaines de groupes vont défiler dans la rue principale de Jacmel.

Sur les chars, ce sont Baby doc et autres dictateurs qui dansent avec Papa sida et les zombis des tremblements de terre.En les représentant par des masques grotesques, les Haïtiens les mettent à distance les douleurs de leur passé. Une manière pour eux de se souvenir, et d’éviter que de tels épisodes de l’histoire se reproduisent. Un moyen aussi de dénoncer les difficultés du passé, mais aussi celles du présent.