Birmanie : le culte des Nats

Chaque année, à Tangbyon, lors d’un grand rituel, des milliers de Birmans viennent demander à leur medium de danser pour entrer en contact avec les Nats, des esprits capables de leur offrir un avenir meilleur.

Daw Kyar Ma participe à ce rituel depuis plus de 20 ans, mais cette année, elle vient demander aux Nats de guérir son mari qui souffre du pancréas.Daw Kyar Ma est bouddhiste, mais comme la majorité des Birmans, elle vénère aussi des esprits que l’on appelle les Nats, un culte, qui existait bien avant l’arrivée du bouddhisme dans le pays. Les Nats représentent le plus souvent, d’anciens rois birmans, morts de façon violente, et érigés au rang d’esprit. Il en existe 37, tous rattachés à une ville ou un village différent. On leur confère le pouvoir d’exaucer les prières.

À l’occasion du rituel, la population du village de Tangbyon passe de 400 habitants à plus de 100 000. Dans chaque petit temple se produisent des mediums. La plupart sont des hommes, travestis ou homosexuels mais il y a également des femmes. Littéralement « Nat Kadaw » veut dire épouse de Nat. Les fidèles les payent pour danser, car c’est ainsi qu’ils entrent en communication avec les esprits et leur transmettent leurs vœux.

Ko Myint Thu est l’un des médiums les plus importants de ce rituel. Il est Nat kadaw depuis 25 ans. Demain, il va danser pour Daw Kyar Ma et demander aux esprits de protéger son mari. Certains des jeunes hommes qui l’accompagnent sont ses élèves. En assistant un Nat Kadaw, ils peuvent s‘afficher ouvertement homosexuels, travestis ou transgenres.

Dans ce pays, où l’homosexualité est encore illégale, le temps du rituel, ils peuvent vivre leur différence sans se avoir à se cacher.