Bolivie : se battre pour la Pachamama
Série Documentaire Rituels du monde
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RÉALISATION : Thibaud Marchand et Agnes Molia
- FORMAT : 26'
- DIFFUSEUR : Arte
- ANNÉE : 2019
Tous les ans au mois de mai, des milliers de Quechuas, un peuple d’agriculteurs des hauts plateaux, convergent vers Macha pour ce qui est certainement le rituel le plus spectaculaire et violent d’Amérique : le Tinku
Le Tinku est un rituel de fertilité qui prend la forme d’un combat rituel. Le sang versé est censé nourrir la Pachamama, la déesse de la Terre. C’est elle qui va garantir de bonnes récoltes, la fertilité des épouses, et l’abondance des troupeaux de lama. Ce rituel est un héritage direct des Incas qui régnaient sur ces terres il y a plus de 500 ans. Des combats corps à corps étaient déjà organisés pour faire couler le sang et fertiliser la Pachamama. Cette tradition a traversé les siècles.
A 5h de marche de Macha, à plus de 4000m d’altitude, l’anthropologue Anne-Sylvie Malbrancke rejoint les Kallengera, une communauté quechua d’une soixantaine d’âmes.
Le Tinku débute dans quelques heures, et tout le village se prépare.
Augustino a 34 ans, il est agriculteur et participe cette année à son 15ème Tinku. Comme tous les membres de sa communauté, il pense que la Pachamama se nourrit de sang et qu’il faut lui en donner pour avoir de bonnes récoltes. Demain, même si c’est dangereux, il ira se battre contre les hommes des villages voisins.
Le jour J, des quatre coins de l’Altiplano, des dizaines de communautés affluent à Macha.
Toutes répondent à l’appel de la Pachamama. Ils arrivent à pied, vêtus de leurs costumes traditionnels dont l’élément le plus singulier est, chez les hommes, la montera, le casque en cuir dur dont la forme rappelle celle des casques de cuivre des conquistadores.
Au centre de la ville s’agglutinent déjà plus de 8000 personnes. Tout le monde s’arrête au pied de l’église pour verser de la chicha, un alcool local, sur la tour, dans l'espoir de favoriser la fertilité.
Les esprits s’échauffent et les combats commencent. Pendant deux à trois jours, Augustino et les hommes vont danser, chanter, boire jusqu’à l’excès, et surtout se battre jusqu’à ce que le sang coule…