Madagascar : inviter les morts à la fête

Série Documentaire Rituels du monde

  • RÉALISATION : MIKAËL LEFRANÇOIS et Agnès Molia

  • FORMAT : 26'
  • DIFFUSEUR : Arte
  • ANNÉE : 2019

A Madagascar, sur les hauts-plateaux, au centre du pays, les Merinas entretiennent un lien singulier avec leurs défunts. De juillet à septembre, ils profitent de la saison sèche pour organiser un rite traditionnel : le famadihana ou, en français, le retournement des morts.

En théorie, le « retournement » a lieu tous les sept ans, à moins qu’entre temps, un défunt ne vienne hanter les rêves d’un proche pour lui demander de s’occuper de lui... Pendant l’hiver austral, alors que le calme est revenu après les récoltes, pas une semaine ne passe sans que les villages des hauts-plateaux ne s’égayent au rythme des famadihana.

Les premières mentions des famadihana datent du XIXe siècle, mais son origine pourrait être plus ancienne. Les Merinas les organisaient alors lorsqu’un défunt mort loin de sa terre natale était rapatrié chez lui.

La tradition a ensuite résisté à la christianisation du pays. Elle est d’ailleurs tolérée par l’église catholique.

Cette année, Ndriana exhume quatre membres de sa famille. Parmi eux, son père, mort il y a 20 ans.Pour lui rendre hommage, il a fait tisser un lambamena, un nouveau linceul qui enveloppera sa dépouille. La croyance raconte qu’au bout d’un certain temps, les linceuls s’abiment, les morts ont froid et ont besoin de se vêtir à nouveau.

Dans la tradition locale, le famadihana est une pièce essentielle du culte des ancêtres et l’occasion pour les familles de se réunir le temps d’une grande fête qui dure deux jours.

Le coût d’un famadihana représente parfois l’équivalent de deux ans de salaire. Madagascar est l’un des pays les plus pauvre du monde, avec un revenu moyen par habitant d’à peine 50 euros par mois. Les familles partagent donc les dépenses et économisent pendant des mois. Certaines doivent même s’endetter pour couvrir les frais d’une cérémonie.

Le jour du rituel, les corps sont retirés du caveau et exposés à la famille, aux invités et à la population du village. Après avoir changé les linceuls, les descendants du défunt emportent avec bonheur sur leurs épaules, le corps de l’exhumé et dansent en exprimant leur joie.Le Famadihana rassemble les vivants et fête la victoire de la vie contre la mort.