Samoa : le tatouage en héritage

Marquer son corps…  Souffrir dans sa chair …

Le tatouage rituel pratiqué aux Samoa n’est en rien comparable aux tatouages à la mode en Europe, où se tatouer marque une volonté de se démarquer, d’affirmer son individualité, son caractère unique. Le tatouage doit être doux. Aux Samoa, c’est le contraire : le tatouage est avant tout un rite de marquage signifiant que l’individu appartient au groupe et il est extrêmement douloureux.

Stivi est Samoan, mais il vit aux Etats-Unis, et a décidé de subir ce rituel. Il va devoir supporter la douleur et surtout montrer aux autres qu’on peut la surmonter pour entrer dans le processus de construction identitaire. Plus la douleur est forte, plus Stivi s’approchera du stade d’homme vrai, accompli, et plus il sera reconnu comme tel par l’ensemble du groupe.Il ne peut pas abandonner, sinon ce serait une honte pour lui et pour toute sa famille.

Li’aifaiva, le tatoueur de Stivi est un personnage emblématique et particulièrement respecté. Son savoir lui a été transmis oralement pendant de nombreuses années et la technique de fabrication des outils (ciseaux, couteaux, marteaux…) est restée la même depuis des temps immémoriaux. Selon la légende, l’art du tatouage aurait été apporté aux Samoa par des divinités, qui l’auraient offert à deux familles. Li’aifaiva serait le descendant de l’une d’entre elles. Son savoir-faire est considéré comme sacré.

Après s’être fait tatouer de la ceinture jusqu’aux genoux, Stivi est prêt pour l’ultime épreuve, le nombril.Li’aifaiva commence à marquer la partie la plus douloureuse du tatouage.

Ses proches sont venus le soutenir. Ils sont assis, autour de lui, les jambes croisées dans une position inconfortable pour montrer leur soutien à Stivi et partager sa peine.

Au bout de quatre heures, le jeune homme est en sueur et ne semble plus pouvoir supporter la douleur… Son honneur et celui de son clan se jouent aussi à ce moment précis…